Réforme de la formation : il n’y a pas de « blocage » de la part des entreprises (Florence Poivey, Medef)

« Nous savions que 2015 allait être une année de transition (en termes d’investissement formation des entreprises), mais on ne peut pas parler de blocage du système. La situation n’est pas la même selon la taille des entreprises et les secteurs d’activité », déclare Florence Poivey, présidente de la commission formation du Medef, interrogée le 10 septembre 2015 sur la baisse des dépenses formation des entreprises depuis le début de l’année.

Elle s’exprime lors d’une conférence de presse sur la mise en œuvre de la réforme professionnelle du 5 mars 2014. 45 000 dossiers ont été validés sur le portail CPF à ce jour. Florence Poivey est également revenue sur le nouveau rôle des Opca en termes de contrôle de la qualité des formations.2 700 C’est le nombre de dossiers CPF validés par l’Opcaim ce qui fait de la métallurgie la principale branche en termes de projets de formation, selon le Medef.

Le déploiement du CPF (compte personnel de formation) est en bonne voie. 45 000 dossiers CPF ont été à ce jour validés depuis le lancement du dispositif et 1 700 personnes activent leur compte chaque jour en moyenne », se réjouit Florence Poivey, présidente de la commission formation du Medef, qualifiant la tendance de « très prometteuse ».En juillet et en août, le nombre de création de comptes a en effet fortement augmenté. « Je serai très déçue si la mise en place de l’entretien professionnel ne fait pas considérablement progresser  la responsabilité des entreprises autour de la formation. »L’organisation patronale compte par ailleurs sur la création d’une application pour les téléphones mobiles, de type « TGV pro », « d’ici juillet 2016 » pour faciliter le recours au CPF des salariés et des demandeurs d’emploi.PROBLÈME DE GESTION ET NON DE FINANCEMENT« Le problème de financement que certains ont pu ressentir était surtout lié à un problème de gestion », assure Alain Druelles, directeur éducation formation au Medef. « Certains Opca [Constructys, le Fafih, Forco] qui avaient l’habitude de dépenser les fonds rapidement se sont retrouvés un peu étranglés et ils ont arrêté de financer des périodes de professionnalisation. Mais c’est un phénomène conjoncturel lié à la mise en place d’un nouveau système, et cela va repartir. »Comment organiser le contrôle de la qualité de la formation ?Les Opca ont désormais pour mission de veiller à la qualité des formations qu’ils financent. À ce propos, le Medef se dit favorable à la création d’ « une poignée de labels », afin d’être le plus lisible possible. « Nous ne voulons pas que cette réforme aboutisse à une usine à gaz avec chaque Opca qui aurait son propre label », explique Alain Druelles.Pour les Opca, la loi du 5 mars 2014 signifie à la fois « un changement culturel et une évolution de son modèle économique », rappelle Florence Poivey.

Le Medef, qui a publié fin août un guide à destination des TPE-PME, entend poursuivre son « travail de pédagogie » auprès des entreprises pour expliquer la réforme de la formation. « Certaines entreprises croient que le plan de formation a disparu », rapporte Alain Druelles.Concernant la surreprésentation des diplômés du supérieur parmi les premiers bénéficiaires de formation CPF (lire sur AEF), Florence Poivey estime que « ce n’est que le début du processus » et que ce nouvel outil « ne peut pas se déployer partout de la même manière ». « Ce sont souvent les cadres qui s’approprient en premier les dispositifs qui reposent sur l’initiative individuelle », analyse Alain Druelles.D’après un bilan effectué fin août, les langues et les titres professionnels de cariste ou de conducteurs de transport sont les principales formations demandées jusqu’à présent. Plusieurs organisations syndicales de salariés avaient manifesté leur inquiétude au printemps dernier sur une possible substitution entre le CPF et le plan de formation. « Nous ne pouvons pas bloquer le système afin de protéger les futurs bénéficiaires de quelques éventuels effets pervers », affirme Florence Poivey.ARTICULATION ENTRE LES OPÉRATEURS DU CEPAutre nouveauté de la réforme de la formation professionnelle, le CEP (conseil en évolution professionnelle). Une convention entre le FPSPP, en tant qu’animateur du réseau des Fongecif, et l’Apec, a été signée le 9 septembre 2015. Une autre convention devrait être prochainement conclue avec l’Agefiph, indique Alain Druelles. « Il est essentiel que les opérateurs [Pôle emploi, missions locales, Apec, Fongecif, Cap emploi] arrivent à partager un minimum d’information. Pôle emploi doit arrêter de croire qu’ils ont déjà tout compris et tout fait », déplore-t-il.

Par Florianne Finet

AEF, Septembre 2015

16/09/15 à 13:27