TEC : l’Observatoire des besoins en compétence des entreprises françaises.
Observer et quantifier les métiers « en tension », voilà le but de l’Observatoire TEC créé en 2013 par le MEDEF. Il renseigne chaque trimestre sur l’état du marché de l’emploi et les besoins en recrutement des entreprises.
En 2015, près de deux millions d’embauches (en CDD ou CDI) ont été réalisées en France. C’est 200 000 contrats de moins par rapport à 2014. Sur l’ensemble de ces recrutements, 31% des entreprises ont eu des difficultés à trouver leurs futurs salariés, et 12% des recrutements ont été purement et simplement abandonnés. Ces chiffres sont issus du rapport annuel 2015 de l’Observatoire TEC (pour Tendance Emploi Compétence), parus en mars 2016. L’étude de l’Observatoire TEC permet de mettre en évidence les « métiers en tension », autrement dit, ceux qui peinent à recruter pour répondre à leurs besoins. Pendant un mois, les responsables formation de 36 000 entreprises du secteur privé ont été questionnés via un formulaire en ligne sur leur velléité de recrutements et les éventuelles difficultés rencontrées pour les mener à bien. Un constat s’impose : certains secteurs économiques souffrent du manque de candidat à l’embauche, que ce soit dans le cadre de recrutement pour un premier poste à l’issue de la formation initiale, ou pour convaincre des professionnels aguerris de rejoindre l’entreprise…
Analysons les résultats. Les postes les plus recherchés en termes de volume sont les employés de l’hôtellerie et de la restauration, avec près de 190 000 offres d’emploi sur l’année 2015. Les postes de caissiers et d’employés de libre service sont quant à eux les plus facilement pourvus, avec 90% des embauches qui se font sans difficulté. En revanche, on apprend que recruter des ouvriers qualifiés de la maintenance n’est pas chose aisée : 34% des postes y sont pourvus avec difficulté, 20% des embauches sont purement abandonnées (des chiffres à tempérer toutefois car ce métier est aussi celui qui recrute le moins en terme de volume de postes). Enfin, notons que les postes d’ingénieurs et cadres d’étude informatique sont les plus difficilement pourvus, preuve d’un besoin croissant dans ce domaine qui illustre à lui seul la reconfiguration des entreprises sous l’effet de la numérisation.
En première ligne pour justifier les embauches qui n’aboutissent pas, les entreprises citent le manque de savoirs techniques et de compétences métiers à 20%, parmi lesquelles le manque d’expérience professionnelle à 11%. Les lacunes au niveau du « savoir-être » en entreprise (implication, autonomie, ponctualité) freinent aussi les recruteurs à hauteur de 15%. Enfin, l’étude nous apprend aussi que 5% des embauches difficilement pourvues ont été rendues possibles par une action de formation en interne. Ce qui apporte un éclairage positif sur la formation professionnelle.
La formation agit, selon Odile Menneteau, directrice de l’Observatoire TEC, comme un « levier privilégié d’action » pour améliorer les perspectives d’embauche. La formation professionnelle comprend un éventail d’outils garantissant une meilleure flexibilité des salariés, et qui facilitent donc le recrutement: le Cléa (pour attester d’un niveau d’employabilité de base), la VAE (pour attester du savoir effectif d’un candidat expérimenté) ou le CPF (pour rendre les salariés maitres de leur parcours de formation).
En terme de formation initiale, l’apprentissage fait figure de voie d’excellence en permettant au futur diplômé de se familiariser rapidement avec le monde de l’entreprise. L’apprentissage souffre pourtant de certaines lourdeurs administratives dans son financement et son coût selon les régions, alors que ce dispositif gagnant-gagnant permet d’évaluer en situation les qualités humaines de l’étudiant formé, et pour l’étudiant de se frotter à la réalité de l’entreprise.
Il est enfin nécessaire d’agir pour améliorer positivement la perception des métiers et des formations. Le programme court « Beau Travail » diffusé sur France Télévision se donnait précisément ce genre d’objectif, en valorisant les métiers qui embauchent et qui peinent à trouver des candidats. Une des nombreuses pistes d’action pour mener la bataille de l’image.
L’observatoire TEC met donc en évidence un impératif central : changer les mentalités et utiliser la formation professionnelle comme levier d’évolution. Car, finalement, collaborateurs et entreprises sont soumis à des degrés divers à un même impératif d’adaptation permanente à la réalité d’un marché. Et, sur ce point, il n’est jamais trop tard pour passer à l’action.
29/04/16 à 10:53