Le « stealth assessment » : évaluer pour mieux former
La notion d’évaluation des savoirs reste fortement perçue comme une contrainte dans la formation. Or elle peut et doit être aussi le levier le plus pertinent de montée en compétence des formés. Le stealth assessment répond à ce besoin en permettant de jeter un regard nouveau sur les pédagogies de formation.
« On ne commence réellement à apprendre que lorsqu’on devient intimement persuadé de l’absolue nécessité d’apprendre ». Les mots de Benjamin Sorbets, head of business division de Magency – entreprise de développement de solutions logicielles maximisant l’engagement des publics en conférence et formation – traduisent en filigrane l’ensemble de la philosophie du Stealth Assessment. Un terme difficilement compréhensible de prime abord, mais annonciateur de la formation de demain.
Une méthode de formation flexible et adaptative
De façon simplificatrice, le Stealth Assessment pourrait se traduire par « évaluation cachée ». Mais cette traduction apporte une notion de jugement insidieux qui peut nuire à la compréhension réelle du terme. Il est alors plus conforme à la réalité de traduire Stealth Assessment par « évaluation continue » ou « évaluation jeu », voire « évaluation indolore ». Car il s’agit bien de cela : le stealth assessment désigne le fait d’insérer dans un processus de formation une évaluation ponctuelle du niveau des formés, afin d’ajuster le fond et la forme de la pédagogie au cours de la formation. Grâce à la récolte et l’utilisation de data, le formateur bénéficie d’une meilleure visibilité pour mener à bien son programme en réponse aux attentes de chacun. Par exemple, il peut s’agir d’un quizz en fin de session de formation, dont les retours permettront au formateur de connaître les axes de progression de son auditoire et ainsi d’adapter le contenu. En terme d’e-learning, le stealth assessment est une philosophie pédagogique qui conduit à la création de logiciels permettant d’adapter la difficulté de l’apprentissage en fonction du niveau évalué du candidat. Apprendre une langue sur internet permet de mieux comprendre le stealth assessment : sur un même logiciel, un candidat débutant suivra des cours simples et accessibles, pendant que le candidat chevronné (et identifié comme tel par la plateforme) se verra proposer une formation de haut niveau mieux à même de lui faire acquérir de nouvelles connaissances. Présenté sous ce jour, les qualités du stealth assessment en terme d’individualisation et de performance de la formation sont clairement perceptibles.
Concevoir l’évaluation des savoirs acquis de façon constructive
Le bénéfice d’un recours à ce mode de formation ne peut pourtant se résumer à la conclusion, pourtant vérifiée, d’une meilleure qualité de l’apprentissage. Le stealth assessment permet surtout de renverser le modèle classique et profondément ancré de l’évaluation. « Le stealth assessment substitue à la seule volonté de réussir la volonté d’apprendre pour évoluer. Notre société demeure profondément marquée par les méthodes éducatives ancestrales qui consistent à dire que pour passer à un niveau supérieur, il faut forcément passer un examen final sanctionnant l’acquisition ou non des savoirs. Avec le « stealth », l’évaluation est « renversée » : elle devient un moyen de mieux atteindre ses buts et non une finalité en soi. » explique Benjamin Sorbets. Une déclaration qui sonne comme un rappel salvateur : en formation, les savoir acquis le sont pour permettre à l’apprenant de monter en compétence, et non pour assurer stérilement l’obtention d’un diplôme final. Prime donc à une pédagogie performante et novatrice, dont l’évaluation n’est qu’un outil d’amélioration. Une petite révolution de l’apprentissage qui reste encore bridée par le développement des logiciels et l’évolution progressive des mentalités.
Le stealth assessment constitue donc le futur de la formation sur bien des aspects. Sur la forme, ce mode de fonctionnement est une illustration des bienfaits du digital sur la formation : plus individualisée, mieux adaptée aux connaissances de chacun, la formation du futur sera plus efficace car centrée autour d’un projet de progression ciblée et personnelle plutôt que sur un objectif de nivellement utopique des savoirs. Sur le fond, l’« évaluation indolore » permet de faire évoluer les mentalités et de renverser un schéma classique de perception de l’évaluation : cette dernière devient ainsi un moteur permanent d’amélioration, et non la sanction d’un niveau donné. Un axe de réflexion idéal pour penser l’évolution de la formation.
10/06/16 à 16:07