Le « forfait parcours » pour mieux (se) former

Le monde du travail est actuellement en pleine mutation. Les métiers changent sous l’effet de logiques sociales fortes : la numérisation et le verdissement des activités sont désormais des incontournables qui redéfinissent la notion même de travail. De la même façon que les métiers qui mutent, se reconfigurent ou émergent, l’organisation du travail change elle aussi : augmentation du nombre de travailleurs indépendants et du portage salarial, multi-employeurs, développement des horaires décalés, et autres spécificités liées à l’ère du temps, sont désormais des faits courants.

Dans le même temps, et dans un mouvement d’adaptation à ces nouvelles réalités, la formation professionnelle évolue similairement. Le but : remettre cette formidable force d’évolution et de progression au service des salariés et des entreprises. La récente réforme de la formation professionnelle a permis de rendre la formation plus flexible, plus adaptée aux besoins des entreprises et aux particularités de l’individu. Le mouvement amorcé est celui d’un monde de la formation professionnel qui innove, se développe et s’adapte aux demandes de son public. Blended Learning, Mobile Learning, Stealth Assessment, développement de la VAE ou gamification sont autant de réponses au besoin croissant de former plus, et de former mieux.

Face à cette double contrainte de s’adapter aux nouveaux contours du marché du travail et la nécessité d’une vraie souplesse dans l’accès à la formation professionnelle, la perspective de l’avènement du « forfait parcours » apparaît comme la piste la plus prometteuse.

Que désigne le forfait parcours ?

Actuellement comptabilisé sous forme de « forfait horaire », les formations actuelles peuvent souffrir d’un déficit de flexibilité lorsqu’il devient nécessaire de former un individu ayant un rythme de travail particulier et/ou changeant régulièrement. Il apparaît en effet bien contraignant de calquer un modèle de formation figé sur des besoins personnels évolutifs. Le « forfait parcours » constitue la réponse adaptée à cette réalité. L’idée de sa création est née à la suite des réflexions du groupe de travail sur la qualité de l’action de formation au MEDEF, et fait l’objet d’un amendement au projet de loi travail proposé par le gouvernement en mai 2016. Concrètement, le « forfait parcours » permet de « financer de manière forfaitaire l’ensemble des prestations de formations constitutives du parcours, à savoir : le positionnement, l’accompagnement, la formation sous ses diverses modalités (présentiel, à distance, en situation de travail), l’évaluation des acquis et la certification. » Autrement dit, ce nouveau mode permet de ne plus concevoir l’ensemble du parcours de formation comme un empilement disparate de « briques » de formation, mais plutôt de payer en une seule fois pour un forfait global qui prenne automatiquement en charge la formation du salarié ou demandeur d’emploi depuis la définition de ses besoins jusqu’à l’acquisition de sa certification.

La mise en place du forfait parcours pourrait donc ouvrir la porte à une redéfinition conséquente de l’action de formation et de son financement, posant les bases d’un nouveau paradigme de la formation professionnelle. Le recours au forfait parcours permettrait aussi de simplifier significativement le financement de la formation, en impactant directement les OPCA, mais aussi – et surtout – de se concentrer sur l’atteinte des objectifs en réduisant à la portion congrue les problèmes liés à la construction des parcours individuels. En agissant ainsi, le fonctionnement par forfait parcours faciliterait la tâche de nombreux acteurs de la formpro qui pourraient alors se focaliser sur les dispositifs pédagogiques à mettre en place pour atteindre ces objectifs. En définitive, un nouvel horizon pour le travail des OPCA, mais aussi, un (grand) pas de plus vers la simplification, la flexibilité et la profitabilité de la formation professionnelle.

15/09/16 à 11:47