L’Afpa, un sauvetage « Epic » ?
Le 9 février dernier, le Parlement a donné son accord au changement de statut de l’Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa). Un vent de modernité s’annonce pour l’association qui se trouvait confrontée à des problèmes financiers depuis plusieurs années.
L’ordonnance du 10 novembre 2016 adopté le 9 février dernier par le Parlement fixe les conditions du changement de statut de l’Afpa, première association subventionnée de France et membre du Service public de l’emploi (SPE) en Etablissement public industriel et commercial (Epic). Parmi ses missions principales, l’Afpa
- participe à la formation et à la qualification des personnes les plus éloignées de l’emploi et contribue à leur insertion sociale et professionnelle,
- contribue à la politique de certification menée par le ministre chargé de l’emploi,
- permet l’égal accès des femmes et des hommes à la formation professionnelle et à la promotion de la mixité des métiers,
- contribue à l’égal accès, sur l’ensemble du territoire, aux services publics de l’emploi et de la formation professionnelle.
Pas de véritables bouleversements en termes de missions donc pour cet établissement créé à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour permettre la formation accélérée d’ouvriers utiles à la reconstruction du pays et qui aujourd’hui forme près de 140 000 personnes par an, dont 80 000 demandeurs d’emploi.
La nouvelle ordonnance inclut également une place élargie aux enjeux du développement durable, et apporte une mission d’appui au Conseil en évolution professionnel né de la loi relative à la formation professionnelle de 2014.
Une renaissance controversée
Mais c’est avant tout structurellement que tout se joue. Pour Clotilde Valter, secrétaire d’Etat à la formation professionnelle et à l’apprentissage, c’est une véritable « évolution en profondeur » de l’Association qui est en jeu, à la fois économiquement et juridiquement pour tenter – enfin – d’assurer la perennité de l’Afpa après plusieurs sauvetages financiers.
Car ce n’est pas la première fois que les pouvoirs publics sont au chevet de l’opérateur historique de la formation professionnelle. Déjà en 2012, après la décentralisation de la formation des demandeurs d’emploi aux régions en 2004 et l’ouverture du marché de la formation professionnelle en 2009, l’Etat avait dû accorder un prêt obligatoire de 200 millions d’euros pour éviter la cessation de paiement de l’association. Aujourd’hui, le Gouvernement joue le tout pour le tout, au moyen de l’utilisation de l’appareil législatif.
Sur le volet concurrentiel, l’Afpa a également la possibilité de structurer son activité avec la création de filiales. A ce jour, deux ont été créées, l’une consacrée à la formation des salariés et l’autre à la formation des demandeurs d’emploi.
Cette dernière mesure n’est pas sans vouloir rassurer les principaux acteurs du marché, et notamment la Fédération de la formation professionnelle (FFP), qui reste néanmoins sur le qui-vive et qui déplore une transition pas assez radicale : « La clarification de la situation de l’Afpa […] était nécessaire » affirme Jean Wemaëre, président de la FFP, même s’il regrette que « le statut d’Epic va offrir à l’Afpa la garantie illimitéede l’Etat, ce qui peut constituer une forme de financement indirect. »
Le nouvel Epic doit donc faire ses preuves, avec un apport de 110 millions d’euros de financement de l’Etat pour 2017 et dont l’équilibre financier est espéré d’ici deux ans. Un défi de taille donc pour sa nouvelle directrice générale, Pascale d’Artois, qui a pris ses fonction le 1er janvier.
Une histoire « épique » à suivre, donc.
Crédits image : Twitter @Afpa_Formation
17/02/17 à 18:07